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Les perturbateurs endocriniens, comment les repérer et adapter nos choix alimentaires ?

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Les perturbateurs endocriniens, comment les repérer et adapter nos choix alimentaires ?

La perturbation endocrinienne fait partie d’un domaine de recherche très plébiscité depuis une dizaine d’années même si les premières études datent des années 1940.

 

Savoir repérer les perturbateurs endocriniens

La perturbation endocrinienne est une notion qui part du principe que certaines molécules chimiques présentent dans notre environnement, dans notre alimentation et dans l’air, vont soit :

  • bloquer l’action des hormones sur leurs récepteurs (hormones qui agissent comme messagers chimiques pour la communication entre organes) et va donc rompre l’équilibre endocrinien
  • ou bien ces molécules vont imiter les hormones et se lier aux récepteurs, en induisant des réponses au mauvais moment. Ainsi, des molécules endogènes vont venir modifier l’homéostasie endocrinienne, c’est-à-dire l’équilibre physiologique. 

Ces molécules sont présentes dans de nombreux produits de consommation courante dont l’alimentaire et ont ainsi une répercussion directe sur notre santé. Elles se nomment « perturbateurs endocriniens » (PE). Ainsi, on peut noter que notre santé va dépendre du bon fonctionnement et du bon équilibre de notre système endocrinien. [1] [2] [3] [4]

 

Il faut savoir que le système endocrinien comporte l’ensemble des ovaires ou des testicules, pancréas et glandes surrénales, thymus, glandes thyroïde, hypothalamus, hypophyse et épiphyse. De plus, des études récentes ont permis d’identifier d’autres tissus de l’organisme qui exercent également une activité endocrine, comme le tissu adipeux. [2]

Les différentes parties du système endocrinien

Les différentes parties du système endocrinien dans le corps humain

 

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

D’après l’OMS en 2002, la définition des perturbateurs endocriniens est la suivante : « Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur celui-ci ou sur ses descendants ». [2] Les perturbateurs endocriniens (PE) peuvent donc être d’origine naturelle comme c’est le cas pour les hormones, les œstrogènes, la testostérone, la progestérone, etc. mais sont le plus souvent d’origine artificielle, c’est-à-dire qu’ils entrent dans la composition de produits chimiques ou sous-produits industriels comme c’est le cas pour les pesticides, les cosmétiques, les médicaments, les textiles, etc. C’est ainsi que les PE se retrouvent alors dans notre atmosphère au quotidien. [2] [3] 

Il faut savoir que la nocivité des perturbateurs endocriniens vient de leur effet cocktail, c’est-à-dire qu’ils sont nocifs pour l’Homme de par la multiplication de contact. En effet, mis ensemble, les PE perturbent l’organisme alors que pris isolément, ils n’ont pas d’effet.

Ainsi, on peut noter que différentes pathologies peuvent être engendrées par une exposition aux perturbateurs endocriniens. Les PE induisent donc de nombreux risques majeurs comme l’altération des fonctions de reproduction, la précocité de l’âge de la puberté, des cancers hormonodépendants, la perturbation du fonctionnement de la thyroïde, la perturbation du développement cognitif et du système nerveux, les troubles métaboliques comme le diabète de type II et l’obésité. [5] [6]

Les pathologies liées à de fortes expositions aux perturbateurs endocriniens

 

Savoir repérer les perturbateurs endocriniens dans notre environnement et notre alimentation

On peut y être en contact sans même le savoir car ils se cachent partout dans notre quotidien, que ça soit dans des produits industriels, des produits transformés ou même des produits naturels, car ces derniers auront pu être contaminé par leur propre environnement, par l’eau ou l’air par exemple à cause de pulvérisations de pesticides. Ainsi, de manière générale, on peut être en contact avec des perturbateurs endocriniens par notre alimentation, l’eau que l’on consomme, les objets que l’on utilise et même l’air que l’on respire. C’est une contamination à faible dose mais de manière continue. [4] [5] [7]

Les différentes sources des perturbateurs endocriniens

 

Adapter nos choix de vie afin de limiter les perturbateurs endocriniens

Conseils alimentaires

Les conseils pour une alimentation plus saine en minimisant les perturbateurs endocriniens sont les suivants : Privilégier les aliments issus d’une agriculture biologique et dans le cas contraire, laver avec insistance voire peler les fruits et légumes afin d’ôter un maximum de pesticides ; Favoriser les aliments frais ou bien surgelés non préparés ; Privilégier une cuisine « fait maison » et les viandes de types maigres.
A l’inverse, les conseils sont également de l’ordre de l’évitement de certains produits tels que les produits transformés et ultra-transformés (comme les biscuits, les sodas, etc.), les gros poissons (comme le saumon et le thon) pour cause du phénomène de bioaccumulation et également éviter les additifs E214- 219 (parabène) et E320 (bisphénol A).
Les casseroles et poêles en Téflon® abîmées sont à proscrire et il est conseillé d’utiliser des ustensiles en inox. Concernant la cuisson des aliments, il faut éviter les températures élevées et ne pas consommer les parties brûlées des aliments. [5] [7]


Conseils d’hygiène de vie

Pour éviter de vivre dans un environnement pollué par les perturbateurs endocriniens, il est possible d’adopter des gestes simples du quotidien tels que aérer son logement au minimum 15 minutes par jour (car les PE ont tendance à s’accumuler dans les poussières) et plus lors du ménage de la maison, lors de travaux et lorsque l’on cuisine. Il faudrait également limiter la quantité de produit d’entretien utilisé, voire au mieux d’en utiliser des naturels de type vinaigre blanc et bicarbonate de soude ou au moins utiliser des produits ayant un label certifié de type Ecolabel Européen. Pour finir, pour l’environnement interne de la maison, il est conseillé d’éviter les sources de polluants de l’air tels que les bougies parfumées, les vaporisateurs de parfums, les encens et les diffuseurs d’odeurs.
Ensuite, afin de limiter les perturbateurs endocriniens dans notre quotidien, il est fortement conseillé de laver les vêtements neufs avant de les porter sur soi ; Il est conseillé d’éviter le tabagisme qu’il soit actif et/ou passif et d’éviter la prise de médicaments sans l’avis préalable du médecin ; Il est conseillé d’adopter le ménage vert, de faire un tri côté cosmétique et d’éviter l’utilisation de pesticides, d’herbicides et d’insecticides dans son jardin (préférer un désherbage à la main) ; Il est également préférable de donner à vos enfants des jouets en bois brut ou en plastique rigide et de porter des vêtements en fibres naturelles. [7]

Comment se protéger contre les perturbateurs endocriniens ?

 

Zoom sur les femmes enceintes

Les perturbateurs endocriniens sont un facteur de risque pour la femme enceinte

Pendant toute la durée de grossesse, les perturbateurs endocriniens peuvent avoir différents impacts. En effet, une exposition au cours du premier trimestre de la grossesse peut entrainer une malformation physique du futur bébé ; Une exposition durant la vie fœtale peut entrainer une altération du fonctionnement de certains organes ; Une exposition prénatale peut avoir des effets sur la santé de la femme enceinte, notamment à travers des troubles métaboliques de type obésité ou diabète, ou de type cardiovasculaire ; Une exposition 14 jours avant une grossesse peut avoir des effets sur le développement in utéro et entrainer une fausse couche.
De plus, à la suite de l’accouchement, le nourrisson va pouvoir à son tour être exposé à la pollution de son environnement. Ce dernier est plus vulnérable qu’un adulte car ces organes sont encore immatures et sa fréquence respiratoire est augmentée, ce qui favorise l’absorption des polluants volatils. Il faudra alors veiller à ce que le nourrisson soit le moins possible exposé aux PE. [6] [8] [9] 

 

Conseils d’hygiène de vie

Les conseils à donner pour une femme enceinte et son nourrisson serait de limiter son exposition aux produits chimiques de types produits d’entretiens, produits cosmétiques, bougies, teinture pour cheveux, huiles essentielles, etc. et à contrario les conseils seront d’aérer quotidiennement au moins dix minutes par jour, d’utiliser des produits d’entretiens naturels comme le vinaigre blanc et le bicarbonate de soude. De plus, il est déconseillé pour une femme enceinte de faire la chambre du futur nourrisson car elle s’exposerait à de multiples perturbateurs endocriniens via la peinture fraiche et les meubles neufs, remplis de PE.
Concernant l’alimentation, il faudra privilégier des produits locaux, de saison et bio afin d’éviter qu’ils aient subi des traitements (leur permettant une meilleure conservation lors du transport par exemple). Il faudra également veiller à limiter l’apport en poisson d’eau douce car ils sont fortement bio-accumulateurs ainsi que les prédateurs qui bio-amplifient les polluants organiques persistants. Pour finir, il faudra veiller à laver les fruits et légumes voire les éplucher s’ils ne sont pas bio, il faudra privilégier les cuissons à basses températures et il faire attention à ne pas utiliser d’ustensiles de cuisine abîmés et à ne surtout pas chauffer les plats en plastiques au micro-ondes (en essayant de remplacer idéalement le plastique par du verre).
Ainsi, de manière générale, ce sont les mêmes conseils que pour la population générale sauf qu’il faut d’autant plus les prendre en compte car ils peuvent jouer sur la santé du futur bébé. [6] [7]

 

Ce qu’il faut retenir

Les perturbateurs endocriniens sont définis comme étant des substances exogènes qui vont venir altérer le système endocrinien de l’organisme et ainsi induire des effets néfastes sur son fonctionnement.
Il faut savoir que la nocivité des perturbateurs endocriniens vient de leur effet cocktail c’est-à-dire qu’ils sont nocifs pour l’Homme de par la multiplication de contact. Les PE induisent donc de nombreux risques majeurs comme l’altération des fonctions de reproduction, la précocité de l’âge de la puberté, des cancers hormonodépendants, la perturbation du fonctionnement de la thyroïde ainsi que du développement cognitif et du système nerveux, les troubles métaboliques comme le diabète de type II et l’obésité.
Les PE sont partout et on peut y être en contact sans même le savoir. Il faudra alors éviter la consommation de produits ultra-transformés, privilégiez les produits biologiques et locaux et veiller à aérer sa maison minimum 15 minutes tous les jours en évitant la pollution de l’air intérieur produite par des bougies, de l’encens, de la peinture neuve, de nouveaux meubles, etc. afin de minimiser leurs présences dans l’environnement. Les femmes enceintes étant plus vulnérables, il faudra d’autant plus minimiser le contact avec des perturbateurs endocriniens car ils sont facteurs de risques divers pour elles-mêmes et pour les futurs nourrissons. 

Il est important de prendre en considération que nous sommes entourés de perturbateurs endocriniens et que dans notre société moderne, il n’est pas possible de supprimer tous les PE qui nous entourent. Pour autant, nous savons à présent que c’est la MULTIPLICATION de l’exposition aux PE qui peut engendrer des risques, donc c’est à nous, personnellement, de faire en sorte de limiter un maximum notre exposition aux PE grâces à des choix de vie (comme le fait d’aérer sa maison quotidiennement ou de choisir des produits alimentaires biologiques) afin de tendre vers un mode de vie plus sain pour notre santé et également pour l’environnement. 

 

Bibliographie

[1] KABIR, RAHMAN, Eva RAHMAN, Monica Sharfin Rahman, Imon (2015) A Review on Endocrine Disruptors and Their Possible Impacts on Human Health, Environmental Toxicology and Pharmacology vol.40 n°1 p.241-58, PubMed https://doi.org/10.1016/j.etap.2015.06.009
[2] GENET, Roger (2019) Cahiers de la recherche n°13 : les perturbateurs endocriniens, ANSES, 54 pages https://www.anses.fr/fr/system/files/CDLR-mg-PerturbateursEndocriniens13.pdf
[3] BAROUKI, Robert (2018) Perturbateurs endocriniens, un enjeu d’envergure de la recherche, INSERM https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/perturbateurs-endocriniens  [4] MULLOT, Jean-Ulrich (2017) Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail : identification en tant que substance extrêmement préoccupante du bisphénol A pour son caractère de perturbateur endocrinien, ANSES, 20 pages https://www.anses.fr/fr/system/files/REACH2016SA0124.pdf
[5] NIR-INDUSTRY, Perturbateurs Endocriniens – 1ère Offre Analytique à Destination du Grand Public, et des Industriels, https://www.perturbateur-endocrinien.com/ou-trouve-t-on-des-pe/
[6] BRAZEY, Claire (2017-2018) L’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse, Université de Lille, 69 pages https://pepite-depot.univ-lille2.fr/nuxeo/site/esupversions/49e7b9f2-3a06-49d6-a0b6-f2af9778046d
[7] DESBIOLLES, Alice GAILLOT, Julie (2019) Perturbateurs endocriniens, Institut national du Cancer, 12 pages file:///C:/Users/stere/Downloads/FR%20perturbateurs%20endocriniens-2019.pdf
[8] RATTAN SANIYA ZHOU, Changqing CHIANG, Catheryne MAHALINGAM, Sharada BREHM, Emily FLAWS, Jodi A. (2017) Exposure to Endocrine Disruptors during Adulthood: Consequences for Female Fertility, The Journal of Endocrinology vol.233 n°3 R109-29, PubMed https://doi.org/10.1530/JOE-17-0023
[9] KARWACKA ANETTA ZAMKOWSKA, Dorota RADWAN, Michał JUREWICZ, Joanna. 2019, Exposure to Modern, Widespread Environmental Endocrine Disrupting Chemicals and Their Effect on the Reproductive Potential of Women: An Overview of Current Epidemiological Evidence, Human Fertility (Cambridge, England) vol.22 n°1 p.2-25, PubMed https://doi.org/10.1080/14647273.2017.1358828

Écrit par :
Sterenn Maurice,
Diététicienne Nutritionniste chez maju

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